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Portrait entreprise MAROQUINOR

Maroquinor : 50 ans de savoir-faire !

De nombreux entrepreneurs composent le territoire du bassin Annonéen. Ils sont pour certains la mémoire vivante de la dynamique histoire entrepreneuriale locale. C’est le cas d’Alain Rouvière, fondateur et actuel dirigeant de l’entreprise Maroquinor située chemin des pilles à Annonay qu’il a créée il y a 50 ans !
M. Rouvière a ouvert ses portes à la Communauté d’Agglomération pour raconter son histoire, et elle n’est pas banale.

Pourriez-vous nous raconter votre parcours professionnel ?

« Je n’étais pas fait pour l’école et je voulais être journaliste »
En 1948 M. Rouvière passe son brevet élémentaire puis entre en octobre 1948 dans l’entreprise « Le Sac de France » créée par son père en 1946. « Je voulais être journaliste mais mon père m’a dit tu seras maroquinier. Mon père était tanneur aux Tanneries Franc avant la guerre puis aux tanneries Meyzonnier (pendant 20 ans) à Annonay ».

En 1952 Alain Rouvière part au régiment puis à son retour décide d’aller travailler à Paris en 1954 dans une maroquinerie pendant 2 ans. Rappelé pour la guerre d’Algérie puis revenu en 1957, il rejoint son père qui avait créé la SIMAS en s’associant avec un fabricant d’appareils photos. « Il fabriquait des étuis de Semflex (6x6), ils en fabriquaient 2000 / mois ! » de 1957 à 1970.

En 1970, Alain Rouvière quitte la SIMAS pour la société DEG (maroquinerie sac de dame) qui cherchait un chef d’atelier. Malheureusement la société dépose le bilan un an plus tard puis s’en suit 9 mois de chômage.
« Ça vous marque un père de famille. J’avais déjà une vingtaine d’années de métier et donc je fais quoi ? ».
M. Rouvière décide alors de réaliser un stage pendant un an en tant qu’agent de maitrise à l’AFPA de Romans pour apprendre la fabrication des chaussures. Fin 1971, Alain Rouvière sort de cette formation et crée en 1972 son entreprise, Maroquinor. Il s’installe en aval du pont de Valgelas dans les tissages Revol. « Mais ce n’était pas pratique. J’y suis resté jusqu’en 1976 puis j’ai intégré les locaux actuels qui sont désormais trop petits ».

Tout d’abord l’entreprise se développe avec l’embauche d’une à 2 personnes puis 4 lors de son installation au 3 chemin des Pilles à Annonay.
«  Quand je me suis lancé tout le monde était contre moi, avec des enfants en bas âge, je n’avais pas le premier sous. Et puis 1973 premier choc pétrolier. Seuls, mon père, des fournisseurs et certains clients ont cru en moi « on vous aidera M. Rouvière ». »

L’entreprise va fêter ses 50 ans d’existence cette année, il semble que M. Rouvière ait eu raison de se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat.

« Ça fait 74 ans que je fais le même boulot ! Le travail est resté très traditionnel. »

Quels sont vos produits ?

A ses débuts, les sacs de dame commençaient à être concurrencés par les produits asiatiques. Il était nécessaire de se diversifier et de trouver de nouvelles idées. C’est alors que l’entreprise a commencé à travailler avec les boules OBUT en leur présentant un modèle de sacoche. Depuis, des centaines de milliers d’étuis ont été fabriqués. L’entreprise travaille également pour l’armée en sous-traitance notamment par la réalisation d’étui pour les jumelles Thalès.

De nombreux autres produits sont réalisés dans cet atelier : bagagerie technique pour l’industrie (housse, accessoire pour outils de mesure), sacoches de vélo, baudriers porte-drapeaux, boites pour écharpes de maires, objets publicitaires…

Comment vendez-vous vos produits ?

L’entreprise vend principalement à des professionnels et dispose également d’un site internet de présentation de l’activité. Puis Jeanne, la petite-fille, a rejoint l’histoire entrepreneuriale en 2018, et a dynamisé la vente aux particuliers avec des services supplémentaires (vente à l’unité, personnalisation des étuis…). Les articles sont désormais accessibles sur la plateforme ETSY ainsi que sur un nouveau site internet : la pétanque du dimanche.

« J’ai un parcours particulier avec elle, Jeanne voulait reprendre Maroquinor. Elle a Bac+5 et moi j’ai Bac -3 donc on a 8 classes de différence ! Elle a fait l’EM (Ecole de Management) à Lyon, elle aime la maroquinerie et en 2018 elle est venue travailler en alternance (école de maroquinerie à Givors) ».

Vos produits ont bénéficié plusieurs fois d’une belle visibilité, pouvez-vous nous en dire plus ?

Qui aurait pu imaginer que les produits de la petite entreprise annonéenne se retrouveraient aux jeux olympiques d’été de Londres en 2012 ? En effet « Notre client, le fabricant français de drapeau Doublet avait obtenu le marché des oriflammes des stades pour les JO de Londres 2012 ainsi que les baudriers porte-drapeaux en cuir. Lors des cérémonies d’ouverture et de clôture, quelle fierté de voir Laura Flessel, Maria Sharapova, Usain Bolt et bien d’autres parader avec un baudrier porte drapeau Maroquinor ! ».

M. Rouvière a le sens de la communication et en écoutant les informations matinales sur Europe 1, il apprend que pour la première année, l’Elysée ouvrira une boutique dans les Jardins de l’Elysée à l’occasion des journées du patrimoine 2018. « Pourquoi pas ma sacoche Bleu Blanc Rouge pour boules de pétanque ? ».

Ni une, ni deux Alain Rouvière en envoie une à l’Elysée qui, dans la foulée, lui demande un devis pour une commande de 250 sacoches. Puis, il y a eu une première manifestation des gilets jaunes et c’est tombé à l’eau.
Il a fallu attendre avril 2019 pour que M. Rouvière revienne sur la pointe des pieds et décroche la première commande de 70 unités seulement. Cela a commencé comme cela, puis l’année dernière, nous en avons fabriqué 1000. Pour eux, c’est un produit phare que l’on trouve sur le site de la Boutique du Palais de l’ELYSEE.

Ses produits sont également accessibles sur le Site internet du réseau « Nature et découverte ».

Un savoir-faire de passionné :

Dans son atelier, les maroquiniers polyvalents découpent, collent, piquent, assemblent, accessoirisent…
Leur atelier est le seul à encore posséder des Rectangula, machines qui permettent d’industrialiser la piqûre en angle droit, récupérées de la casse dans les années 60. Ces machines anciennes fabriquées en Allemagne étaient prévues pour piquer les valises puis sont tombées en désuétude lors de l’arrivée du matériau composite. « Les maroquiniers qui avaient cela les ont mis à la casse, j’en ai racheté une dizaine, il y en a 5 qui tournent et 5 pour les pièces détachées. Elles permettent de piquer en angle droit avec une belle rapidité. »

Maroquinor emploie aujourd’hui 7 maroquiniers, fidèles au poste, qui ont acquis un savoir-faire unique.

Concernant la formation des salariés « on prenait des personnes qui sortaient du collège des platanes qui apprenaient à faire de la confection, avec également une section chaussures. On les a formés ici, elles sont rentrées à 16 ans. Quand il a y un coup de bourre, des anciens salariés retraités viennent en intérim ».

Votre avis sur la jeune génération ?

« Dans la jeunesse d’aujourd’hui, il y a des motivés mais il faut savoir les trouver. Les loisirs d’abord, le travail après. J’ai 4 petit-enfants, ils ont déjà fait le tour du monde, moi je n’ai pas encore fini le tour de l’Ardèche ! Les priorités ont changé. Personnellement je suis complètement imbibé, ce n’est pas du sang dans mes veines mais de la maroquinerie. En vacances je vais voir les gens qui jouent aux boules pour voir s’ils n’ont pas une de mes sacoches ».

Quelles sont les difficultés rencontrées dans la gestion de l’entreprise ?

« C’est un parcours de fada, de dérangé, le succès n’est jamais acquis. La concurrence mondiale existe. Je suis en train de mettre au point une sacoche tricolore pour la Belgique et pour l’Italie. »

Vos perspectives ?

Les deux dernières années ont été compliquées et ont limité les projets à cause de la pandémie.

« Transmission ? Peut-être que le projet avec ma petite-fille se concrétisera. Des personnes ont été intéressées par l’achat de Maroquinor par le passé mais il est difficile de s’en séparer ! Sinon j’ai encore plein d’idées, d’autres projets dans les tuyaux mais chut !  ».

Pouvez-vous nous parler d’un projet en particulier mené dans l’entreprise qui vous a marqué ?

« Je n’étais pas programmé pour être chef d’entreprise mais je suis fier d’être allé à contre-courant, contre l’avis de pas mal de personnes et d’avoir finalement donné du travail à du personnel. Je suis obligé de dire que je suis contentd’être dans la forme dans laquelle je suis, ce qui me permet de fêter le cinquantenaire de Maroquinor ! ».

Une anecdote amusante concernant votre entreprise ?

« Un jour un client marocain est venu en Rolls-Royce couleur café au lait en deux couleurs. Sur le parking j’avais mon petit break Ami 6 Citroën, déjà un petit contraste… Il voulait qu’on lui fasse des articles de maroquinerie. Il a voulu me laisser son adresse mais il n’avait pas de carte de visite alors je lui tends mon calepin pour noter son adresse et il me dit qu’il ne savait pas l’écrire avec notre alphabet. Alors il m’a sorti un stylo en or et il m’a dicté son adresse. Je n’ai plus eu de nouvelle !  »

Dernière anecdote :

« Au collège, en troisième, la veille de passer l’examen du brevet élémentaire, j’ai trouvé un trèfle à quatre feuilles en révisant. Depuis, je le garde toujours dans mon portefeuille, même si depuis, il a perdu quelques feuilles… et Maroquinor est toujours là. »

Le territoire du bassin d’Annonay a depuis longtemps été dynamique et pourvoyeur d’entrepreneurs passionnés. Alain Rouvière fait assurément partie de ceux-ci.

www.maroquinor.fr
www.lapetanquedudimanche.com


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